Etape Améglia-Pievepelago: le début d'une nouvelle vie

Après le mulet, j'enfourche la formule 1

C'est jour de nouveauté aujourd'hui. Un deuxième périple commence. Tout d'abord, je ne suis plus seul puisque ma compagne m'a rejoins le veille. Même si elle ne va pas rouler avec moi, je la retrouverai après chaque étape. Ce qui va être génial. Je vais pouvoir partager ce que je vis, en cas de coup dur, je pourrai faire appel à elle et au niveau logistique ça va être beaucoup plus cool. Deuxièmement, je vais laisser le mulet et les sacoches pour récupérer ma formule 1: un gain d'environ 30 kg.

Et pour marquer ce nouveau départ, j'attaque par un petit dej gargantuesque: café (je n'en avais plus bu depuis 10 jours), jus de fruit, viennoiseries, charcuterie. Je m'en mets plein la panse. Du coup, le départ est retardé puisque j'enfourche la selle à 9 h. Et j'ai 90 kms et surtout 2400 m de dénivelé.

Le départ est assez chaotique, il y a de la circulation le long de la côte mais surtout, il faut que je me réadapte au vélo: la largeur du guidon diffère, j'ai du mal avec les cale pieds, le faible poids fait que j'ai l'impression de ne rien avoir dans les bras.

Je pars pour 15 bornes de plat et de lignes droites jusqu'à Massa. Ca me permet de me réadapter et de revivre des sensations à des vitesses plus élevées.  Et, vu la suite du programme, je vais remercier ma compagne de m'avoir apporté ce vélo.

J'attaque la première des 2 bosses de la journée par 1 km à 16 %. Ca pique d'entrée. Le GPS a tracé tout droit, c'est plus court mais ça casse les pattes d'entrée. Heureusement, la suite va être beaucoup plus cool. J'ai besoin de 2 kms à 3-4 % pour récupérer et reprendre mon souffle. Je m'éloigne de la ville et de la mer et je retrouve la montagne. Décidément, je ne suis pas fait pour la civilisation. Je revis sur ces routes dépourvues de tout véhicule. Je monte au milieu des carrières de marbre blanc. C'est assez beau mais la montagne est bien défoncée. Mais quand je vais voir les futurs duomos dans les différentes villes, je comprends mieux la taille des carrières de marbre. Je vais traverser le parc naturel des Alpes Apenins. Le col se termine par un long tunnel de 500 m non éclairé comme je vais en traverser beaucoup durant mon voyage. Ce n'est pas ce que je préfère, mais celui-ci n'est pas dangereux: c'est une grande ligne droite et il n'y a aucune voiture à l'horizon.

La descente se fait au milieu des bois, c'est super calme. Au détour d'un virage je découvre un joli petit village tout en pierre avec des toits en lauze. C'est superbe. Rien à signaler par la suite jusqu'à Castelnuovo di garfagnana. Là, ça va se compliquer un peu puisque le GPS veut me faire passer  par un tunnel interdit aux vélos. Je ne recommence pas les frayeurs des jours précédents et je cherche un itinéraire bis. Mais pour trouver, en Italie, c'est pas simple. Avec ma carte papier, j'arrive à trouver, que quelques kms de détour.

Une fois sur le bon chemin, j'arrive au pied du Passo di Radici.  Deux routes possibles: 1 de 15 kms, 1 de 27. Je prends au plus court comme c'était prévu. Je pars bien confiant, les premiers kms sont entre 8 et 10% mais avec ce vélo, rien de bien méchant. Et je me dis que ça ne va pas durer très longtemps. Je connais l'altitude d'arrivée et , en calculant, je me dis que je suis dans le plus dur. Ma compagne me double en voiture à 10 bornes du sommet. Elle ne s'arrête pas puisque la police la suit et vu la largeur de la route, c'est pas trop possible.

La route s'élève, je sors de la forêt, je retrouve des paysages de montagne bien dégagés. C'est superbe, je respire le bon air. J'adore les grands espaces. A 5 kms du sommet, je vois un panneau annonçant une pente à 18%. je fais le malin et m'arrête prendre une photo. je me dis que c'est un petit passage....mais qui va durer 3 kms avec des passages à plus de 20%. Ca va être une horreur, je suis à plat ventre sur le vélo, ça n'en finit pas. Je vois un virage, me dis que c'est le dernier et non, ça continue. Je hurle de dépit. Les cuisses brûlent, le coeur monte dans le rouge. C'est une des premières sensations de douleur que j'ai depuis le début. Je fais une pause dans le village de San Pellegrino in Alpe. Je trouve une fontaine. je m'arrose de la tête au pied pour bien rafraichir le moteur qui a plus que chauffé. Je profite du paysage car d'ici, on surplombe toute la vallée. Ca vaut quand même le coup de passer par là. Mais quelle souffrance, et quand je vois la sortie du village, je me dis que je ne suis pas au bout.

Heureusement que je ne suis pas avec le vélo chargé, sinon, je faisais 3 kms à pied. A la sortie du village, il ne va rester qu'1 km très dur mais, à cet instant, je ne le sais pas, donc j'essaie de prendre mon mal en patience. Je pousse un grand ouf de soulagement quand je m'aperçois que le dernier km est en descente. Une bonne journée qui se termine par 12 kms de descente jusqu'à Pievepelago. J'arrive au camping, un havre de paix au milieu des bois, un camping plein de petits chalets et que des habitués des lieux. Bref, c'est un petit paradis pour se reposer. En plus, le proprio est super sympa. Je recommande l'endroit.

Il va quand même falloir que j'installe le campement. Ca va prendre un peu plus de temps que d'habitude mais le standing ne sera pas le même: tente 4 places avec auvent, table, chaise. Et pour le côté gastronomique, apéro et pâtes carbo. Bref, je suis dans le luxe tout simplement. De quoi oublier très vite que j'ai eu mal aux jambes.